Il serait simpliste de conclure que les chiffres concernant la corruption en France sont "plus graves" que ceux de l'Afrique sans une analyse approfondie et contextuelle. Voici pourquoi :
1. Différences de Contexte et de Développement Institutionnel
En France, les institutions chargées de lutter contre la corruption, comme l'AFA, sont relativement robustes et transparentes. Elles permettent une meilleure détection, documentation et publication des cas de corruption.
En Afrique, la corruption peut être moins visible en raison de systèmes judiciaires ou de gouvernance moins développés dans certains pays. Cela ne signifie pas nécessairement qu'elle est moins répandue.
2. Échelles et Typologies de Corruption
En France, les cas recensés concernent souvent des affaires institutionnelles (élus, entreprises), documentées grâce à des systèmes efficaces de suivi et d’enquête.
En Afrique, la corruption peut prendre des formes différentes, comme la corruption systémique (dans certains secteurs publics essentiels), ou des pratiques informelles souvent non documentées, mais avec des impacts significatifs sur le développement.
3. Gravité et Impact
En France, les cas de corruption identifiés peuvent avoir un impact économique ou institutionnel, mais ils n’affectent généralement pas la stabilité de l'État ou la vie quotidienne de la majorité de la population.
En Afrique, dans certains contextes, la corruption peut directement compromettre le développement, exacerber les inégalités, ou même menacer la sécurité alimentaire et l'accès aux services publics de base.
4. Quantité vs. Qualité des Données
La France dispose de bases de données fiables et exhaustives sur les cas de corruption, ce qui donne l'impression que le phénomène est plus grave parce qu'il est mieux documenté.
En Afrique, de nombreux cas de corruption ne sont pas rapportés ou restent dans l’ombre en raison de la peur des représailles, du manque de transparence ou de la faiblesse des mécanismes de contrôle.
Conclusion
Les chiffres de l’étude sur la France ne doivent pas être interprétés comme étant "plus graves" que ceux de l'Afrique. Ils révèlent simplement une meilleure documentation des cas de corruption dans un contexte institutionnel différent. L’impact de la corruption doit être mesuré non seulement en termes de nombre de cas, mais aussi en tenant compte des conséquences sur le développement, la société, et la gouvernance.
Le rôle de l’OMSAC est précisément de faciliter la comparaison, d’identifier les lacunes, et de proposer des solutions adaptées aux contextes variés, qu'il s'agisse de pays européens comme la France ou de nations africaines.
Département Intégrité & Investigations de l'OMSAC
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